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Oscherus In Musica
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Oscherus In Musica
8 novembre 2011

Saint Vitus - Saint Vitus

SAINT-VITUS-Saint-Vitus 

Style: Doom Metal

Année 1984

Format: album

Label: SST Records

Pays: U.S.A

 

Formé à Los Angeles en mille neuf cent soixante dix neuf sous le nom de Tyrant, Saint Vitus est l’une de ces formations cultes, certes un peu maudite, à ranger au panthéon du metal. Ainsi, au même titre que ses compatriotes de Pentagram et de Trouble, Saint Vitus fait partie des pionniers référentiels et séminaux du doom metal, suivant ainsi le sillon tracé par le grand Black Sabbath une décennie plus tôt, mais en accentuant considérablement ses deux constantes que sont la lenteur et la lourdeur. En cela, l’apport du quatuor formé du chanteur Scott Reagers, du guitariste Dave Chandler, du bassiste Mark Adams et du batteur Armando Acosta est on ne peut plus fondamental, et ce ne sont sans doute pas des groupes tels que, pour les plus connus, Cathedral ou bien encore Reverend Bizarre qui pourront renier cela.

Alors en plein boom de la scène speed / thrash metal le quatuor nous proposait son premier album, sobrement intitulé Saint Vitus, qui allait parfaitement à contre sens de cette scène. En effet, à une époque où la rapidité était érigée comme maître mot de moult formations, Saint Vitus se complaisait lui dans une torpeur manifeste avec des compositions s’étirant en longueur. Car c’est bien ce qui différenciait le quatuor à l’époque et qui lui donne tout son charme et intérêt, c’est cette lenteur et cette pesanteur caractéristiques qui en on fait l’épitomé du doom metal, ni plus, ni moins. En fait, et d’une manière assez triviale, l’on pourrait présenter le propos musical des californiens comme une version extrême et plus glauque de ce que proposait dans les années soixante dix Black Sabbath. A bien des égards, le quatuor était jusqu’au-boutiste pour ce qui était de la lenteur, le tortueux The Psychopath étant à cet égard le meilleur exemple, et surtout de la lourdeur, se faisant très fréquemment étouffant. 

Tout pourrait presque se résumer à cela chez Saint Vitus. Malgré une certaine simplicité, les excellents riffs plombés déployés par Dave Chandler avec sa Gibson SG sont tous aussi efficaces les uns que les autres, de sorte qu’ils s’impriment à jamais dans votre mémoire. Bien évidemment, l’on sent l’influence de Tony Iommi dans ses derniers, à ceci près, et comme précisé plus haut, que Dave Chandler s’est surtout focalisé sur la lenteur. A cela s’ajoutent ses soli presque bruitistes, usant et abusant à cet effet de sa pédale wha-wha, qui sont loin d’être mélodieux. Le plus souvent au bord de la rupture, ils apportent néanmoins cette coloration à la fois malsaine et même presque folle – rappelons au passage que Saint Vitus est le saint patron des fous. Il est soutenu par une excellente cellule rythmique. L’accompagnant le plus souvent à l’unisson afin d’appuyer la lourdeur, Mark Adams ne se prive pas de quelques envolées solitaires, comme sur White Magic / Black Magic. De son côté, Armando Acosta allie l’efficacité de son jeu avec une frappe colossale, ce qui s’accorde on ne peut mieux à la musique de Saint Vitus, lui apportant en même temps une certaine puissance. 

Irréprochable d’un point de vue musical, Saint Vitus se paie le luxe de posséder un très bon chanteur en la personne de Scott Reagers. Ce dernier possède un timbre de voix assez unique dans une veine plutôt torturée, tantôt lyrique, tantôt rageur, voire même agressif, qui se trouve on ne peut plus approprié, d’autant qu’il change très régulièrement de registre jonglant avec eux tel un funambule. Mieux encore, il véhicule un petit côté possédé qui est en totale adéquation avec l’ambiance déclinée sur cet album, comme ce peut être le cas sur White Magic / Black Magic ou sur The Psychopath. Si la production de cet opus est très rugueuse, elle possède un cachet, avec un son à la fois chaud et sale, parfaitement adéquat, sans fioritures, ni même d’overdubs. Cela dit, cette production minimaliste confère à ce disque un grain particulier qui sied à merveille à cet album. L’atmosphère y est d’ailleurs unique, et comparable à certains égards à Black Sabbath dans le sens où elle est assez pessimiste et surtout angoissante, le chant de Scott Reagers et le jeu de Dave Chandler renforçant notamment cette impression.

Si cette première réalisation ne comporte que cinq titres, pour une durée avoisinant les trente six minutes, le quatuor a eu le mérite ou en tout cas la bonne idée de nous proposer uniquement des bons titres. L’album débute avec l’incisif Saint Vitus, avec un tempo plus dynamique, pour ne pas dire rapide, et qui constitue une bonne entrée en matière, avec notamment un très bon solo de Dave Chandler. S’ensuit l’entêtant White Magic / Black Magic avec son rythme mid tempo et surtout son final pachydermique qui donne ainsi un premier indice sur les velléités des californiens. D’ailleurs, l’on constate que plus l’on avance dans l’album, plus le rythme se ralentit. C’est ainsi le cas avec Zombie Hunger, au titre assez évocateur tant son tempo est comparable à une marche pénible d’un mort vivant et où Scott Reagers se livre à quelques passages dépeignant une certaine folie. Le groupe enfonce le clou avec le somptueux The Psychopath, le plus lent de l’album, s’étirant sur plus de neuf minutes. Lancinante et tortueuse, cette composition démontre tout le talent du groupe entre les lignes de chant impeccables, ces magnifiques soli de guitares, dont le solo médian, et l’intensité croissante sur le final. L’album se termine avec le très bon Burial At Sea, qui, s’il démarre très doucement, comprend un judicieux passage rapide au beau milieu, avant que le groupe ne revienne à la thématique du départ.

Au final, cet album éponyme de Saint Vitus est tout simplement excellent et représente même la quintessence de ce qu’est le doom metal. Ne comprenant aucun temps mort, l’une des principales qualités de ce disque, outre ses très bonnes compositions, c’est le fait que chaque titre nous fait encore plus sombrer dans les abymes. Si les influences du quatuor sont identifiables, l’on constate toutefois que le groupe les a parfaitement digérées dévoilant une musique à la personnalité affirmée. En se focalisant principalement sur la lourdeur et la lenteur, et surtout en les accentuant, le quatuor a infléchit ce style dans une direction qui sera maintes et maintes fois suivie par la suite. Au-delà de ce tournant décisif, ce disque est un classique et s’avère donc indispensable. Le caractère culte de cette réalisation n’est guère usurpé et si la production trahit son âge, le contenu est quant à lui impérissable. Certes bien des formations sont allées encore plus loin dans la lenteur et dans la lourdeur, mais rien sans doute n’aurait pu se faire si Saint Vitus n’avait montré la voix. Ce qui fait que cet opus demeure, plus de vingt ans après sa parution, un maître étalon en matière de doom metal. Bref un disque et un groupe dont il serait impardonnable de faire l’impasse.

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